Vins: bio, nature, biodynamique, vegan…et caetera

Vins : bio, nature, biodynamique, vegan … Avec la multiplication ces dernières années des labels bio et autres, on peut comprendre aisément la difficulté des consommateurs à déterminer celle correspondant à son attente…

Cet article a pour objectif : tenter de clarifier cette « offre à tiroirs multiples» source de confusion et d’amalgames entre critères techniques et philosophiques.

Quel que soit le cahier des charges, trois notions techniques tangibles me paraissent essentielles pour parler d’agriculture biologique :

• Un équilibre des principes agronomiques entre :
  • la mise en œuvre de la culture du végétal et la qualité de la récolte produite
  • la notion d’agriculture durable définissant la préservation des sols et terroirs pour obtenir cette récolte
• La préservation environnementale immédiate de la biodiversité et de l’écosystème impactés par les choix agronomiques rattachés à la culture
• La sécurité alimentaire, en supprimant les intrants toxiques, et en limitant au plus juste les quantités d’intrants sanitairement conformes

Soumis uniquement aux minimas de la législation française et européenne :

• L’agriculture conventionnelle et/ou agriculture intensive a pour objectif unique et immédiat une récolte maximale. Vins : bio, nature, biodynamique, vegan

Labels et certifications ayant une validité légale française et européenne :

• Les certifications HVE, (HAUTE VALEUR ENVIRONNEMENTALE) et l’agriculture raisonnée vont s’axer sur un emploi « justifié » techniquement des quantités/qualités des intrants et pesticides autorisés en l’agriculture conventionnelle.
• L’Agriculture Biologique : interdiction d’utiliser toute molécule de synthèse sur les parcelles certifiées et dans l’élaboration des vins.

« Cahier des charges » privé, n’ayant pas de définition légale, contrôlé par un organisme certificateur agréé :

• L’agriculture biodynamique , certification AB préalable, en priorisant les principes ésostériques du philosophe Rudolph Steiner par rapport aux fondamentaux agronomiques et environnementaux « classiques ». Ces principes s’appellent l’anthroposophie.

Les derniers venus, sans cahier des charges ni réglementation :

• les «vins naturels», basés sur le non-emploi d’intrants ni techniques visant à modifier le « jus originel », hormis le soufre…
• Les vins sans soufre ajoutés… Sa définition est dite dans le titre… Il y a donc possibilité que des vins « conventionnels » répondent à ce cahier des charges spécifique (comme j’ai pu le constater lors d’une foire aux vins Auchan!!!).
• Les labels végans : toute « maltraitance » animale est exclue… restriction compatibles avec l’agriculture conventionnelle.

Discours mal honnête :

Je ne compte plus les producteurs se prévalant d’une production bio, sans certification bio, ou « le plus possible » !!! On ne peut pas être bio à la vente et conventionnel à la production simultanément.

Seule la certification coupe cours à toute ambiguïté et légitime l’appartenance à l’agriculture biologique et cela quel que soit le discours technique ou commercial tenu.

Amalgames certificatifs classiques :

Quel que soit le label ou la certification choisis, ils garantissent  seulement la notion de sécurité alimentaire et environnementale, nullement les qualités gustatives d’un vin…

Exemple : les vins naturels ou sans sulfites ajoutés présentent assez souvent des problèmes de réductions nécessitant une aération importante… A contrario, ces mêmes labels n’induisent pas systématiquement cette caractéristique.

Bref dire qu’un vin est meilleur parce qu’il appartient à telle ou telle « paroisse » technique est tout bonnement sectaire et inexact.

Trois critères sont déterminants pour la notion qualitative d’un vin :

• Le terroir
• Le millésime
• Le savoir-faire et la sensibilité du vigneron et du vinificateur

Or il est évident que ces critères ne peuvent pas être définis dans des cahiers des charges !!! N’en déplaise à certains qui veulent affirmer cela comme une vérité acquise… On est plus proche du « credo » que d’une démonstration technique impartiale.

Ce que l’on doit retenir :

Cette présentation rapide n’a pas pour but d’être une définition précise et nuancée, mais d’indiquer dans les grandes lignes les spécificités générales de chaque orientation techniques et/ou philosophiques les unes par rapport aux autres.

• On peut donc dire que si la définition de l’agriculture biologique est clairement identifiée par des principes techniques agronomique/environnementaux, avant d’être éventuellement définie comme une idéologie…
• Que notion de sécurité alimentaire et environnementale et qualité des vins produits sont indiscutablement deux choses distinctes.
• Les réponses apportées par les différents labels sont pour le moins très différentes passant d’une agriculture conventionnelle n’incluant pas ou peu ces critères environnementaux à des cahiers des charges privés allant au-delà des réponses techniques pour s’orienter vers une réflexion métaphysique, voire parfois basculant vers un certain opportunisme mercantile.

La certification AB reste à ce jour la seule certification se suffisant à elle-même en  proposant un cadre technique et légal clairement défini et répondant réellement à la définition concrète de l’agriculture biologique, même si à ne pas en douter, elle est certainement perfectible…

Au-delà de ces obligations certificatives, il est intéressant, pour chaque vignoble, de connaitre les mises en œuvre techniques et/ou philosophiques, soit par l’association d’un label privé soit en prenant connaissance de ses démarches spécifiques.

Reste la dégustation du vin en lui-même, où peu importe la certification, le label, l’AOC ou tout autre discours technique, philosophique ou commercial, seul votre plaisir des sens est souverain…

Vins: bio, nature, biodynamique, vegan…et caetera, oublions les tendances et les modes ! À chacun d’entre nous en tant que consommateur ou producteur de définir ses priorités et choisir en connaissance de cause le label qui lui ressemble réellement… Car une certification est bien plus que la délivrance d’une attestation de conformité, c’est avant tout un état d’esprit…