L'esprit BérardBio, et plus encore...

L'écologie concerne tout le monde. Il y a ceux qui en parlent, et il y a ceux qui la vivent au quotidien !

Moi, j'ai choisi... Et vous?

La définition environnementale en agriculture est souvent un sujet polémique, chacun d’entre nous en ayant une vision personnelle, tant par sa définition que par ses mises en œuvres…

Petit rappel des différences entre l’Agriculture Conventionnelle et l’Agriculture Biologique, ainsi que les différents labels bio actuels en consultant mon article «Vins: bio, nature, biodynamique, vegan…et caetera»

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1 / La certification AB, entre le mythe et la réalité :

AB.svg Elle répond à une démarche volontaire des personnes qui y adhérent. On ne peut pas être bio en se limitant seulement à ce cahier des charges ! Mais, on ne peut pas être bio sans y répondre complètement…

Sa définition est simple : interdiction d’utiliser toute molécule de synthèse dans le vignoble ni lors de l’élaboration des vins.

Elle donne lieu, à minima, à un contrôle annuel administratif et sur le terrain avec éventuellement des prélèvements analytiques et des contrôles inopinés.

La fiabilité de cette certification est acquise car la conduite entre un vignoble conventionnel ou AB se distingue clairement par un professionnel.

Au final l’Agriculture Biologique n’est pas une agriculture ancestrale ou traditionnelle comme je l’entends trop souvent ; c’est une agriculture contemporaine qui a pris le meilleur tant du passé que du présent. 

Elle est basée sur les fondamentaux agronomiques de l’« agriculture durable ». Elle est certainement perfectible et ne peut pas produire plus bio que l’environnement où elle se situe… Cependant elle est indiscutablement la plus à même de répondre à une notion de sécurité alimentaire du consommateur et de préserver (et parfois de guérir) l’environnement où elle est mise en œuvre.

 Au delà de l’aspect technique, elle est également un état d’esprit. Pour le consommateur et le producteur, y adhérer relève d’un choix citoyen et n’a rien d’austère bien au contraire. Etat d’esprit sans lequel la certification perd l’essentiel de son intérêt.

2 / Mes choix environnementaux :

  2-1 / Mes sols

  • Pierre Becheler, géologue-pédologue de renom, a réalisé en 2002 une étude parcellaire de mes sols sur l’ensemble de mon vignoble qui m’a servi de base technique pour en établir la gestion.
  • En plus des analyses de sols, je suis particulièrement vigilant à la bonne santé de mes sols par l’observation des plantes bio-indicatrices (plus d’infos).
  • 50% de nos surfaces cultivées sont laissées en enherbement naturel toute l’année afin de préserver la typicité et le capital pédologique qui caractérisent mes terroirs.
  • L’entretien de mes sols s’appuie sur une stratégie d’engrais verts (plus d’infos) mise en place depuis plusieurs années… rendant les apports exogènes en engrais organiques quasi nuls.
sols

•  2-2 / La protection phytosanitaire :

  • Depuis deux ans, j’ai investi dans la pulvérisation confinée, évitant la dérive des traitements, ainsi qu’une réduction de dose de +/- 30%. (plus d’infos)
  • La mise en place de traitements à partir de PNPP « Préparations Naturelles Peu Préoccupantes » (plus d’infos), m’a permis de réduire significativement les quantités de cuivre et soufre, indispensables pour lutter contre le mildiou, l’oidium et le black rot (plus d’infos).  Dans le cadre de lutte nationale et obligatoire contre la flavescence dorée, il peut nous être fait obligation, par arrêté préfectoral, d’appliquer de la pyrètrine. (plus d’infos)
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Le cuivre :

  • Incidence sur l’environnement : « la limitation des quantités de cuivre métal apportées à l’hectare reste prioritaire ; des apports à moins de 6 kg/ha/an de cuivre métal n’altéreraient pas la biocénose » (laboratoire AUREA). Etant en moyenne à un cumul de cuivre comprise entre 2 et 3 kg/ha/an, la pérennité de mes sols est largement assurée. (plus d’infos)
    • Incidence sur l’utilisateur et les consommateurs : Seule l’inhalation des formes poudreuses lors de la préparation des traitements peut causer, éventuellement, une intoxication si on n’utilise pas le matériel de protection adéquat. Cet oligo-élément est indispensable à la vie et l’organisme a la capacité de le réguler. La principale cause de surdosage par rapport aux besoins journaliers n’est pas d’origine alimentaire mais due au mauvais état des tuyauteries en cuivre du réseau d’eau courante des habitations. (plus d’infos)

Le soufre :

  • Tout comme pour le cuivre, l’emploi en association de PNPP permet de réduire significativement les doses utilisées.
  • Hormis ses fortes propriétés irritantes lors de sa préparation et de son application, qui nécessite l’emploi de tenues de protection adéquates, le soufre même en surdosage est sans incidence tant sur le plan environnemental que pour la sécurité alimentaire du consommateur.

La Pyrètrine :

  • Cet insecticide d’origine naturelle se dégrade très rapidement sous l’action du rayonnement solaire d’UV. Moins de 48 heures après son application, il a totalement disparu. Le délai de ré-entrée légal dans la parcelle après traitement est fixé à 6 heures. Sa dangerosité avérée nécessite de se munir des protections adéquates lors de son application. Insecticide non sélectif, il nécessite également d’être appliqué très tôt dans la journée afin d’éviter d’y exposer une partie de la faune auxiliaire, notamment les abeilles.
  • En l’absence d’une solution par confusion sexuelle, afin d’éviter son emploi, nous menons une stratégie préventive par des applications d’huiles essentielles ayant une action répulsive voire létale (huile essentielle d’orange amère) et par des comptages à la parcelle pour déterminer si la population de cicadelle(vecteur de la flavescence dorée) a atteint un seuil nécessitant un traitement ou pas malgré la publication des arrêtés préfectoraux de traitements obligatoires.

•  2-3 / La biodiversité :

  • Plus d’un 1/3 de mes surfaces sont en non cultures : bois, zone humide non drainée, vallon avec ruisseau et même terres agricoles au repos.
  • 50% de mes surfaces cultivées sont laissées en enherbement naturel toute l’année, avec une biodiversité floristique élevée, et aucune problématique d’inversion de flore n’est à déplorer.
  • Des apports exogènes en fumures ou fongicides limités en quantité et à l’impact limité pour ne pas dire nul.
  • « Plantez un arbre » s’inscrit dans la continuité de ces mises en oeuvre pour obtenir un bilan carbone non pas à l’équilibre mais excédentaire.
  • Mise en place, dès 1997, d’une station d’épuration des traitements des effluents viti-vinicoles.
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  2-4 / Au chai – Mes Vins :

  • Suppression totale des apports de sulfites à l’encuvage par un ensemencement de levures non fermentaires,  apportant les mêmes avantages anti-oxydatifs (par dégagement de CO2) et une protection antiseptique (par occupation du milieu). Seule solution alternative « viable » permettant d’assurer une vraie macération préfermentaire, pour obtenir une extraction aromatique optimale.
  • Suivant la nature des millésimes et la typicité de chaque cuve, je privilégie l’ensemencement naturel pour la fermentation alcoolique.
  • Suivant la turbidité du vin avant mise, l’option d’une filtration tangentielle sera choisie, éliminant l’emploi de diatomées (particules fines des terres de filtration) attachées aux filtrations classiques.
  • J’ai fait le choix d’un apport de sulfites limité à la mise en bouteille, stratégie gagnante pour assurer des niveaux de sulfites totaux particulièrement faibles, voir sans sulfites ajoutés pour certaines de nos cuvées.
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3 / Pour conclure :

J’ai donc fait le choix d’une Agriculture Biologique basée avant tout sur les fondamentaux agronomiques et environnementaux, qui va bien au delà des obligations certificatives.

Si par certains côtés je tutoie :

  • les principes de la biodynamie par une approche globale des différents écosystèmes parcellaires, ou par l’emploi de PNPP
  • la démarche des vins natures, par des apports exogènes minimalistes pendant la vinification et l’élevage de mes vins

Je m’en distingue également en revendiquant mon indépendance d’arbitrage, les préceptes de ces deux « écoles philosophiques » en certaines circonstances étant plus idéologiques que techniques. Selon moi, les mises œuvres techniques ou empiriques doivent être au service de la qualité de mes vins et non le contraire… nécessitant parfois de quitter les sentiers battus pour explorer des solutions inédites tant au champ qu’au chai.

« Mon » Agriculture Biologique synthèse de différentes influences me permet aujourd’hui de rendre à mes terroirs au moins autant qu’ils m’offrent,  me ramenant toujours aux fondamentaux de « l’Agriculture Durable » trop souvent oubliée et qui pourtant devrait être pour chacun d’entre nous le fil rouge de chacune de nos décisions. Au final tout autre débat étant que littérature ou digression…

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